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Appel des organisations ukrainiennes en Pologne au gouvernement polonais et aux gardes-frontières

Nous vous remercions de votre soutien aux réfugiés ukrainiens et vous demandons de faire preuve de la même sollicitude à l'égard des réfugiés qui arrivent à la frontière entre la Pologne et le Bélarus.

Nos organisations - l'Union des Ukrainiens en Pologne et la Fondation Our Choice, qui gère la Maison ukrainienne à Varsovie - travaillent depuis des années à la promotion des échanges culturels et au soutien de l'intégration des personnes originaires d'Ukraine vivant en Pologne. Nous veillons à préserver l'identité et la mémoire du passé. Nous puisons dans la riche diversité de la culture ukrainienne et de la culture de la région frontalière. Nous travaillons à la réconciliation polono-ukrainienne, nous participons à des initiatives de dialogue. Nous soutenons les migrants ukrainiens, hommes et femmes, en Pologne, en les aidant à s'intégrer dans la société et la culture polonaises, et nous réalisons des projets visant à initier les femmes et les hommes polonais à la culture ukrainienne. Nous plaidons également pour un traitement égal et équitable des femmes et des hommes migrants d'Ukraine, en nous opposant à la violence motivée par les préjugés, la discrimination et l'exploitation sur le marché du travail.

Bien que remplis de peur et d'anxiété, depuis les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine, nous avons vu avec espoir le courage et la résistance du peuple ukrainien face à l'occupant. Dès les premiers jours, nous avons soutenu activement l'effort de défense en Ukraine et l'aide aux réfugiés arrivant en Pologne. Nous sommes également encouragés par l'attitude accueillante et ouverte du peuple polonais, qui, dès les premiers jours, a fait tout son possible pour fournir un abri et des conditions de vie en ces jours difficiles. Nous apprécions tous les efforts déployés par les autorités polonaises pour rationaliser les procédures et créer un cadre permettant une intégration plus rapide et plus efficace, par exemple par le biais d'opportunités d'emploi ou d'accès aux prestations sociales et aux soins médicaux.

Nous aimerions rappeler ici les paroles d'Olena Zelenska, la Première Dame d'Ukraine, adressées à la communauté européenne, et notamment à la Pologne : "Je veux remercier tous les Européens qui aident maintenant notre peuple, en lui donnant des maisons, de la nourriture. Comme nous, vous n'étiez pas préparés à accueillir autant de personnes traumatisées dans votre pays. Mais la façon dont vous avez réagi est digne d'un prix Nobel de la paix collectif. Les Ukrainiens sont un peuple merveilleux et très reconnaissant. Nos enfants n'oublieront jamais ce que vous avez fait pour nous". Nous souscrivons fermement à ces propos et vous remercions en notre nom et celui de nos proches.

Jusqu'au 28 mars 2022. La Pologne a déjà accueilli plus de 2,3 millions de réfugiés. Ces personnes reçoivent déjà un coup de main des gardes-frontières et d'autres services et autorités en uniforme, ainsi que de millions de Polonaises et de Polonais. Nous le voyons clairement et nous en sommes reconnaissants. Dans le même temps, du point de vue des réfugiés, la situation critique des personnes restantes fuyant la guerre et la violence est d'autant plus claire. Depuis août 2021, nous observons avec inquiétude la crise humanitaire en cours à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. La route migratoire à travers le Belarus est, bien sûr, le résultat des actions politiques cyniques et cruelles du régime d'Alyaksandr Lukashenko. Il faut toutefois rappeler que les personnes qui décident de faire cette traversée viennent le plus souvent de pays en proie à la guerre ou à des conflits armés, où elles sont menacées par la pauvreté et la persécution pour des raisons ethniques, religieuses ou politiques. Ce sont des personnes qui, comme les réfugiés d'Ukraine, ont droit à une protection.

C'est pourquoi nous lisons avec étonnement les annonces des gardes-frontières annonçant la détention et l'expulsion immédiate des "immigrants illégaux" du Moyen-Orient ou d'Afrique vers le Belarus. La procédure d'expulsion est illégale et, surtout, contraire à l'éthique, car elle expose les personnes expulsées au risque de perdre leur santé, voire leur vie. Nous sommes étonnés que la Pologne, le même pays qui aide les réfugiés ukrainiens de manière si merveilleuse, emmène sans vergogne et avec une telle cruauté des familles de réfugiés de l'extérieur de l'Europe dans les bois et les jette en Biélorussie. Même les nourrissons, les jeunes enfants, les personnes handicapées et les personnes gravement malades sont victimes de déportations de la Pologne vers le Belarus. Cela se produit en dépit du fait que ces personnes sont menacées de torture et de violence au Belarus.

En tant qu'organisations œuvrant pour un traitement égal et équitable des femmes migrantes et des migrants d'Ukraine, nous nous opposons à la violence motivée par les préjugés et la discrimination. C'est pourquoi nous nous sentons obligés de parler des personnes qui arrivent en Pologne par la route du Bélarus. La politique d'expulsion, de criminalisation et d'impossibilité de fournir une aide humanitaire condamne ces personnes à une perte de santé, voire à la mort. Nous vous remercions de tout cœur de soutenir les réfugiés d'Ukraine, mais nous ne sommes pas d'accord avec la ségrégation raciale des réfugiés à la frontière.

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