Vu de Kiev. La contre-offensive ukrainienne à l’est se poursuit et marque des points

Avec la reprise d’Ourojaïné, les forces ukrainiennes continuent de progresser lentement vers le sud, et prépareraient des actions sur la rive gauche du Dniepr et à l’est, analysent les médias de Kiev.

Le 16 août, des unités ukrainiennes se sont emparées du village d’Ourojaïné, proche du bourg de Staromaïorské, libéré deux semaines plus tôt, annonce l’agence de presse indépendante Unian, qui prévient : “Sur place ont lieu de violents échanges de tirs, les combats ne cessent pas.”

“Avant l’invasion, précise Unian, Ourojaïné ne comptait pas plus de 500 habitants.” Cité par l’agence de presse, Pavlo Kyrylenko, chef de l’administration militaire de la région de Donetsk, commente : “Depuis l’arrivée des forces armées et après la libération des environs, quand la ligne de front a reculé, nous avons évacué trois personnes – j’ai moi-même du mal à imaginer comment elles ont pu vivre là-bas, en se cachant. Ce sont des personnes âgées.” Il ajoute : “De Staromaïorské et Ourojaïné, il ne reste que le nom. Les logements privés sont détruits à 80 % ou plus.”

Dès le 17 août, assure le quotidien en ligne Oukraïnska Pravda en reprenant les communiqués de l’état-major de Kiev, des éléments de la garde nationale se seraient déployés à Ourojaïné, où “ils fournissent un soutien aux forces armées ukrainiennes”. “Elles se chargent du nettoyage et du déminage de l’agglomération, et repoussent les contre-attaques de l’ennemi, qui tente de reprendre ses positions perdues.” Dans le même temps, toujours selon Oukraïnska Pravda, “l’armée ukrainienne poursuit ses opérations offensives en direction de Bakhmout, Mélitopol et Berdiansk”.

Opérations sur la rive gauche à Kherson

Simultanément, des rumeurs font état de l’établissement de têtes de pont ukrainiennes sur la rive gauche du Dniepr, occupée par les Russes. Des rumeurs que les autorités de Kiev, conformément à leur habitude depuis le début de l’invasion, se refusent à démentir ou à confirmer. Tout au plus Hanna Maliar, vice-ministre de la Défense, “de retour d’une visite des positions ukrainiennes sur la rive droite”, a-t-elle déclaré qu’elle ne voyait “pas de raisons de s’agiter” dans l’émission d’information télévisée TSN. Laquelle affirme cependant :

“Les forces armées ukrainiennes mènent des opérations spéciales dans la partie occupée de la région de Kherson, mais un débarquement à grande échelle sur la rive gauche du Dniepr ne pourra avoir lieu que quand les unités russes en auront été repoussées.”

Un point de vue que partage le spécialiste des questions militaires Oleksiy Hetman, également dans l’émission TSN. “S’agit-il de missions de renseignement, ou de préparer l’établissement de positions en vue d’une offensive ultérieure, on ne sait pas”, concède-t-il.

L’impatience de l’Occident agace à Kiev

Ainsi que le dit Hanna Maliar, les Ukrainiens “économis[ent] [leur] personnel”. Ce qui expliquerait la lenteur de la progression ukrainienne. “Les tactiques de combat ukrainiennes sont radicalement différentes de celles du [groupe russe] Wagner à Bakhmout, indique à ce sujet le colonel Serhiy Tcherevatiy, porte-parole du commandement est, sur le site d’information Glavred. Les soldats ukrainiens misent sur une manœuvrabilité maximale, des frappes intensives sur l’ennemi, la destruction de la logistique russe.”

D’autant plus que “l’Ukraine est actuellement le pays le plus miné du monde. Dans certaines zones du front, on peut trouver jusqu’à cinq mines au mètre carré, ce qui constitue un obstacle sérieux pour les militaires ukrainiens”, renchérit pour sa part le ministre de la Défense, Oleksiy Reznikov, dans un entretien accordé au Guardian britanniquerepris en partie par Glavred.

Il faut donc faire preuve de patience, une recommandation adressée sur son compte Twitter par Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence, non tant aux Ukrainiens qu’aux Occidentaux. “Si quelqu’un débat de la contre-offensive ukrainienne, de sa vitesse, de sa direction et de son efficacité, donne des conseils et déclare avec assurance qu’il y a quelque chose qui ‘ne se déroule clairement pas selon les plans’, l’essentiel est de ne pas oublier qu’hier encore (avant l’invasion de l’Ukraine), l’armée russe était absolument et sérieusement décrite comme la ‘deuxième armée du monde’, qu’elle était crainte jusqu’à l’hystérie et que l’on ne pouvait même pas imaginer l’affronter efficacement”, s’emporte-t-il, avant de conclure :

“Après la guerre en Ukraine, la Russie cessera d’exister en tant que menace militaire. Du moins pour l’Ukraine et l’Europe. En attendant... les opérations offensives continuent.”