Vladyslav Starodoubtsev, Traduction Patrick Le Tréhondat
Depuis le début de l’historiographie moderne, l’histoire ukrainienne a été traitée différemment de celle des autres pays. La pression idéologique de l’État occupant, l’URSS, ainsi que des organisations hostiles de la diaspora russe et polonaise ont soutenu une approche biaisée de l’histoire ukrainienne, ignorant les principes de proportionnalité et toute notion d’analyse comparative. De nombreux récits xénophobes ont été construits, notamment des récits sur l’Ukraine comme nation antisémite, les Ukrainiens comme « sous-ethnie » de la nation russe et enfin l’Ukraine comme nation fasciste.
En URSS, ces récits ont été imposés par la propagande d'État dans l'éducation, tandis qu'à l'étranger de nombreuses opérations ont été menées pour discréditer toute opposition à l'URSS. Parmi ces récits falsifiés figurent de fausses représentations de la République populaire d'Ukraine, un État social-démocrate multiculturel défendant sa souveraineté contre l'invasion russe en 1917-1921, et une fausse image de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne et de ses activités de 1942 aux années 1950. De nombreux autres récits historiques ont été fabriqués ou diffusés, relatant l'histoire médiévale, l'histoire de l'Empire russe, etc., qui ignorent l'histoire indépendante de l'Ukraine pré-moderne.
Cependant, le principal sujet de la propagande et de la politique xénophobe de commémoration est indéniablement le rôle de l'Ukraine dans la Seconde Guerre mondiale. La Russie est présentée comme l'unique défenseur contre le nazisme, ce qui fournit une raison légitime pour faire pression sur l'Allemagne afin qu'elle permette à la Russie de commettre son propre génocide contre les Ukrainiens. Une partie de la résistance ukrainienne contre l'Union soviétique a indéniablement coopéré avec les nationaux-socialistes, sinon idéologiquement, du moins tactiquement, et a été impliquée dans des massacres. Cependant, la simple discussion du caractère et des activités des partisans ukrainiens pendant la Seconde Guerre mondiale fait naître le soupçon de sympathie pour le national-socialisme. En même temps, l'idée d'un gouvernement autonome ukrainien est délégitimée. La propagande russe formule habilement cela comme suit : si les Ukrainiens obtiennent le droit à l'autonomie, ils créeront un État national-socialiste.
Malheureusement, ces récits n’ont pas été contestés pendant longtemps, et même accueillis favorablement par le monde occidental et à l’Est qui, pendant des années, a appris l’histoire de l’Ukraine et de toute l’Europe de l’Est (ainsi que de l’Asie centrale, du Caucase, de la Sibérie, etc.) à travers les yeux d’un professeur russe. Heureusement, des progrès ont été réalisés. L’une des étapes importantes a été la déclaration d’universitaires ukrainiens et allemands publiée le 8 mai 2024, soulignant les nouvelles approches de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et des politiques de la mémoire. Elle stipule :
« La Russie de Poutine a adopté l'interprétation soviétique du 9 mai 1945 et le mythe soviétique de la « Grande Guerre patriotique ». La Russie a procédé à une appropriation de la victoire de l'URSS dans la Seconde Guerre mondiale afin de justifier son accaparement d’un des rôles principaux sur la scène internationale, ainsi que sa prétention à l'hégémonie sur les anciens territoires soviétiques. La politique de commémoration de la victoire soviétique et de la « Grande Guerre patriotique » a servi à confirmer les ambitions impériales de la Russie par rapport à ses voisins. »
La déclaration décrit également la contribution ukrainienne à la victoire de la Seconde Guerre mondiale à travers la participation des Ukrainiens aux armées de l'Union soviétique et de ses alliés, ainsi que la résistance des partisans soviétiques, ukrainiens, slovaques et yougoslaves. Les souffrances des Juifs ukrainiens sont également prises en compte et reconnues.
Ce qui est également important, c’est qu’il s’agit d’une étape dans la reconnaissance de l’histoire de l’Europe de l’Est pendant la Seconde Guerre mondiale : les « terres de sang » de multiples massacres et d’une violence extrême dans la région, coincée entre deux dictatures totalitaires (comme l’a décrit Timothy Snyder). Le manque de conscience historique de l’Occident a été l’une des raisons qui ont conduit à une absence de compréhension de l’impérialisme russe. L’Occident n’a pas compris que sa sécurité était massivement menacée par la Russie. En conséquence, l’Occident a été surpris par le déclenchement de la guerre en 2022. « La vision dominante du 8 mai 1945 en Allemagne a influencé le fait que le début d’une nouvelle grande guerre en Europe a été si inattendu pour beaucoup. La raison principale était l’exclusion universelle de l’expérience historique des pays d’Europe centrale et orientale, y compris l’Ukraine, du tableau historique dominant du 20e siècle en Allemagne. Ainsi, à l’avenir, leur expérience selon laquelle la fin de la guerre a signifié non seulement la libération, mais aussi une nouvelle occupation, devrait devenir partie intégrante de la mémoire historique ». Dans ce contexte, « tout d’abord, dans les pays baltes et à l’ouest de l’Ukraine, les 8 et 9 mai 1945 ne marquèrent pas la fin de la guerre et des violences de masse, mais une forte résistance armée qui persista contre la reprise de l’occupation soviétique. Elle fut brutalement réprimée par l’armée et les forces de sécurité soviétiques, notamment par des déportations massives de civils ».
Cette déclaration a permis de faire un grand pas en avant en reconnaissant l'Armée insurrectionnelle ukrainienne (AIU) comme un acteur légitime dans la région et fait référence au terrorisme de masse soviétique en Europe de l'Est – la région qui avait déjà le plus souffert en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela dit, le débat est crucial et exige une approche très prudente et impartiale. La nécessité politique et l'importance de notre mémoire dictent à la fois la nécessité d'aborder le sujet de manière stricte, avec rigueur et de manière à ne pas faire de déclarations infantiles qui ne résisteront pas aux marées politiques et au temps.
L'un des sujets les plus controversés en rapport avec la résistance ukrainienne contre l'Union soviétique est la personnalité de Stephan Bandera, le leader de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (b). En Ukraine, il est honoré pour sa résistance contre l'Union soviétique. Cependant, cet hommage a également suscité des critiques, notamment de la part des vétérans eux-mêmes de la résistance partisane. Cependant, il y a suffisamment d'éloges et de critiques à son égard, souvent biaisées, qui nécessitent un regard détaillé dans l'esprit des nouvelles approches mentionnées et d'un regard critique.
En 1929, l'OUN est née de la fusion de petites organisations étudiantes fascistes, ultranationalistes et nationalistes avec l'Organisation militaire ukrainienne, un groupe conservateur de vétérans. Alors que la plupart des vétérans soutenaient des approches pragmatiques et une certaine forme de dictature militaire, les groupes étudiants ont développé leur propre idéologie radicale d'extrême droite fondée sur un irrationalisme, une dévotion à l'État, le culte de la violence et le volontarisme.
Dans l'entre-deux-guerres, les radicaux de l'OUN se sont concentrés sur des actions terroristes contre l'occupation polonaise et contre les politiciens ukrainiens qu'ils considéraient comme indignes. De telles actions ont donné naissance à une organisation très personnalisée, hautement centralisée et fermée, qui s'est présentée comme l'antithèse des forces politiques ukrainiennes traditionnelles – le Parti national-démocrate et le Parti radical socialiste. L'isolationnisme de l'OUN a conduit à des initiatives de plus en plus radicales, à la paranoïa et à des actes de sabotage contre le mouvement national ukrainien.
Stephan Bandera était l'un des fondateurs de l'OUN (b) et a dirigé la scission de l'Organisation des nationalistes ukrainiens entre l'aile modérée sous la direction d' Andriy Melnyk et l'aile radicale sous son commandement. Une autre scission, à l'époque de l'OUN (b), eut lieu la même année, avec le groupe de gauche d'Ivan Mytrynha. Ce qui exerça une pression idéologique supplémentaire sur l'OUN (b).
En 1941, l'OUN (b) a déclaré la création de l'État ukrainien sous la direction de Stephan Bandera. Stahiv, l'un des membres de l' OUN (b), écrit dans ses mémoires qu'il y avait une possibilité de créer un gouvernement d'unité nationale à partir de toutes les forces de la vie politique ukrainienne, mais en raison de l'entêtement de l'OUN(b), celui-ci se concentrerait sur la création d'un État à parti unique et réprimerait brutalement les autres forces ukrainiennes.
Après la proclamation de l’État ukrainien, Stephan Bandera fut emprisonné par les Allemands de 1941 à septembre 1944 et ne put influencer la politique de l’OUN (b) que dans une mesure limitée. Tandis que Bandera était traité avec respect par les membres de l’OUN (b) en Ukraine, les décisions étaient prises sur le terrain, par de nouveaux dirigeants et soumises à de nouvelles influences. C’est là que se déroula l’évolution cruciale de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (b) : en 1943, sa direction adopta un programme nationaliste social-démocrate ; l’année précédente, elle avait forme une Armée insurrectionnelle ukrainienne (AIU), deux changements importants en termes de stratégie et d’idéologie.
Deux divisions cruciales surgirent à cette époque entre Stephan Bandera, toujours en captivité allemande, d'un côté, et l'OUN (b) et l'UIA sur le terrain de l'autre. Fin 1944, Stephan Bandera et un certain nombre d'autres membres de l'OUN (b) furent libérés par le Troisième Reich. Dans le même temps, l'évolution rapide de la ligne de front et de la situation géopolitique força l'OUN (b) et l'UIA à envoyer des groupes à l'étranger, à organiser les réfugiés et à établir des relations diplomatiques. Alors qu'en Ukraine, tout le monde s'accordait plus ou moins à dire que le programme totalitaire ne pouvait pas suffire aux réalités ukrainiennes (de nombreuses pratiques coercitives violentes et un appareil répressif persistaient, et ne furent quelque peu limités qu'après la guerre), c'est à l'étranger que l'on assiste à un conflit croissant et à une scission de l'OUN(b) entre ces deux groupes sur la question de la démocratie.
Bandera et ses partisans ont alors soigneusement souligné la nécessité de réintroduire les idées d’un système totalitaire à parti unique, le culte de la personnalité, d’incorporer des éléments de racisme et de xénophobie du philosophe ultranationaliste ukrainien Dontsov dans le nouveau programme et de supprimer ce qu’ils considéraient comme une « adaptation au communisme », comme la démocratie, l’égalité et la laïcité du programme de l’OUN(b) de 1943. L’accent a été mis sur le mysticisme et le volontarisme.
Le conflit a été mené au moyen de violences physiques de la part des partisans de Bandera, ce qui a donné lieu à un certain nombre d’assassinats contre les nationalistes démocrates et les républicains de gauche qui dominaient l’opposition ukrainienne à cette époque.
La pensée idéologique de l'OUN (b) totalitaire était guidée par les principes de l'OUN d'avant-guerre et s'était formée sur la base de la déception générale envers les méthodes démocratiques de la République populaire ukrainienne et de l'influence du succès des forces autoritaires et totalitaires. On en concluait que les régimes qui s'appuyaient sur des systèmes totalitaires comme l'URSS, l'Allemagne nazie et l'Italie, ou, comme la Pologne, au moins en matière de méthodes autoritaires, avaient réussi, tandis que les pays démocratiques comme l'Ukraine avaient échoué. Ces convictions, ainsi que le fait de rejeter la responsabilité de la défaite de l'Ukraine sur d'autres nationalités, comme les Juifs, constituaient un contexte négatif pour la formation de l'idéologie de l'OUN.
Cependant, les réalités de la guerre partisane et de l’agitation sur le continent, ainsi que la communication avec différents groupes sociaux et nationaux, ont forcé les membres de l’OUN(b) à revoir et à modifier radicalement leurs points de vue et leurs approches. Cela a également a conduit à une importante intégration de nouveaux membres au sein du mouvement, qui étaient pour la plupart favorables aux idéaux socialistes et démocratiques. Un autre facteur de changement de position a été l’expérience de la terreur allemande.
Ceux qui étaient en captivité en Allemagne depuis 1941 n’ont pas pu profiter des connaissances acquises par les autres membres grâce à leurs activités en Ukraine et à leurs interactions avec les nouveaux membres de l’Est de l’Ukraine. Par conséquent, les changements de programme survenus dans les pays occupés étaient inconnus pour ceux qui n’avaient pas l’expérience des réalités ukrainiennes.
Les conflits politiques les plus importants au sein de l'OUN (b) à l'étranger commencèrent en 1945, lorsque Bandera et ses partisans demandèrent la centralisation de l'organisation et l'interdiction de toute critique en son sein. La politique de Bandera consistait à rejeter un programme démocratique, ce qu'il justifiait par la nécessité de préserver le caractère conspirateur-révolutionnaire du mouvement. Mais c'était aussi une question de sympathies personnelles : les partisans de Bandera voulaient maintenir le culte de la personnalité et lui transférer la direction.
Alors que l’OUN (b) et l’UIA en Ukraine en étaient venues à soutenir un programme démocratique, la situation était différente en Allemagne. Au sein de l’OUN (b) à l’étranger (qui existait avec une certaine autonomie organisationnelle), principalement pour des raisons techniques et de coercition, Bandera avait une petite majorité. De facto, à ce moment-là, il existait trois OUN(b) : la majorité de l’OUN(b) à l’étranger qui était fidèle à Bandera ; la minorité de l’OUN(b) à l’étranger qui était fidèle à l’OUN(b) en Ukraine ; et l’OUN(b) en Ukraine même avec l’Armée insurrectionnelle ukrainienne.
Bandera considérait le programme démocratique comme une « influence étrangère », un pas en arrière inutile par rapport à la tradition totalitaire de l’OUN : « Des efforts sont faits pour faire de la démocratie le principal slogan de la libération. Pour mener une révolution sous ce slogan, pour mobiliser les masses dans la lutte la plus difficile, à la vie ou à la mort, contre le bolchevisme. Cela signifie priver notre révolution de son propre visage idéologique clair, de ses propres slogans personnels, de ses propres drapeaux, et les couvrir de ceux que l’ennemi a présentés comme les siens… ». Pour Bandera, la démocratie était le déni du nationalisme ukrainien, alors que pour les réformateurs, la démocratie était le nationalisme ukrainien.
Une autre différence était la relation aux « nations ennemies ». Pour Bandera, des nations entières étaient les ennemies du mouvement ukrainien, alors que l’opposition démocratique considérait une telle approche comme contraire à l’éthique. Elle ne combattait que les politiques impérialistes des autres nations, mais n’accusait pas les nations en tant que telles. Des différences programmatiques existaient également sur les questions sociales, où les démocrates au sein de l’OUN (b) adoptaient un programme de « société sans classes », basé sur une petite propriété privée terrienne relativement égale, et sur la propriété coopérative et étatique des moyennes et grandes entreprises, selon le principe qu’il ne devrait y avoir ni riches ni pauvres dans la société ukrainienne. Cela mettait l’accent sur le programme de protection sociale ; dans son programme, l’opposition adoptait des positions d’égalité sociale et politique de genre, tandis que la faction banderiste représentait des positions plus conservatrices et critiquait l’opposition pour avoir, entre autres, une femme à sa tête, Daria Rebet.
Les positions démocratiques ont été soutenues par deux dirigeants de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne — Roman Shykhevych et Vasyl Kuk et par une majorité des insurgés ukrainiens. Cependant, à l'extérieur de l'Ukraine, Bandera a provoqué une scission et a tenté d'intimider les partisans de la position de l'Armée insurrectionnelle ukrainienne par des assassinats et de la répression.
Les principaux ennemis du groupe « Banderite » de l'OUN (b) étaient le Parti révolutionnaire démocratique ukrainien (URDP), fondé par Ivan Bahryaniy en exil, et le Conseil principal de libération ukrainien, fondé par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne et l'OUN(b) sur le territoire ukrainien. Les meurtres politiques faisaient partie de la vie quotidienne de la faction Bandera dans sa lutte pour le pouvoir : ils n'ont même pas hésité à tenter d'assassiner Vasyl Kuk, chef de l'armée insurrectionnelle ukrainienne.
Au final, il y avait deux courants opposés au sein de l'OUN (b) : l'un totalitaire et l'autre démocratique. Stephan Bandera méprisait la démocratie et était prêt à infliger de graves dommages au mouvement national ukrainien afin d'atteindre ses objectifs personnels ou programmatiques. Il est en même temps important de souligner que les positions démocratiques de l'UIA et de l'OUN (b) sur le territoire ukrainien n’étaient pas toujours en corrélation avec leurs actions : elles ont continué à pratiquer la violence à caractère ethnique et à mener des campagnes de répression massives, motivées par la paranoïa.
Les débats sur l’organisation des nationalistes ukrainiens et sur le rôle de l’Ukraine dans la Seconde Guerre mondiale sont encore récents et loin d’être terminés. La longue activité politique de la «faction totalitaire » à l’étranger a conduit, à bien des égards, à étouffer les voix d’autres organisations ukrainiennes. La politique de l’histoire en Ukraine d’aujourd’hui interprète de manière erronée Bandera à plus d’un titre, créant une image malsaine qui ne correspond que vaguement au caractère réel du personnage historique.
La politique historique de l’Ukraine et l’intégration de l’histoire de l’Europe de l’Est dans l’histoire du monde ont connu de nombreuses erreurs, mais aussi de nombreuses réussites. Il est plus important que jamais de discuter de l’histoire ukrainienne et de promouvoir la perspective ukrainienne, de traiter de manière critique les récits de la propagande russe tout en veillant à ne pas adopter d’approches fausses et sans esprit critique. Le nouveau culte de Bandera en Ukraine est ahistorique et banalise son caractère totalitaire – il doit être remis en question de manière critique de toute urgence. Le mouvement indépendantiste ukrainien a de fortes traditions démocratiques qui s’opposent au totalitarisme, au culte de la personnalité, au régime du parti unique et à la xénophobie. La tâche d’une politique historique démocratique en Ukraine serait de les reprendre. En Occident, en revanche, il est nécessaire de déchiffrer l’histoire de la résistance ukrainienne contre l’Union soviétique.
Notes:
- Stachiv Je. Kriz′ tjurmy, pidpillja j kordony. Kyjiv : RADA, 1995. st. 88-89.
- Prohramni postanovy Tret′oho Velykoho Zboru OUN (S. Bandery), 25.8.1943, URL: https://hai-nyzhnyk.in.ua/doc2/1943(08)25.oun..php
- Pour le détail du conflit entre les factions de l'OUN à l'étranger in: R. Kryčevs′kyj: OUN v Ukrajini, OUN (z) i ZČ OUN: pryčynok do istoriji ukrajins′koho nacionalistyčnoho ruchu,. Vydannja Polityčnoji Rady Odnodumciv OUN v N′ju-Jork/Toronto, 1962.
- Stepan Bandera u dokumentach radjans′kych orhaniv deržavnoji bezpeky (1939–1959) Tom 3, / Za zah. red. V. Serhijčuka; uporjad.: V. Serhijčuk, I. Bilokin′, S. Kokin, S. Serdjuk. Haluzevyj deržavnyj archiv služby bezpeky Ukrajiny/Haluzevyj deržavnyj archiv služby zovnišn′oji rozvidky Ukrajiny, 2009, s. 223.
- Rol′ Schidnoji Ukrajiny u formuvanni novych idejno-polityčnych zasad OUN-b, Jevhen Stachiv