Mercenaires. “Ce n’est pas la fin mais le début”, clame le Groupe Wagner depuis la Biélorussie

Dans une vidéo publiée sur le réseau Telegram, Evgueni Prigojine accueille ses combattants les plus irréductibles en Biélorussie en leur promettant de nouveaux horizons guerriers. À ses côtés apparaît pour la première fois Dmitri Outkine, dit “Wagner”, un commandant légendaire qui aurait donné son nom au groupe.

“Bonjour, les gars. Nous sommes heureux de vous accueillir tous. Bienvenue sur le territoire biélorusse” : c’est avec ses mots que le patron du Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, s’adresse à ses hommes dans ce qui apparaît comme la première vidéo “officielle” des mercenaires depuis leur exil biélorusse.

Cette vidéo, tournée “quelque part en Biélorussie”, a été notamment publiée par la chaîne Telegram Grey Zone (qui réunit plus de 530 000 abonnés), considérée comme proche d’Evgueni Prigojine, qui la présente comme un “moment épique”, réunissant “plusieurs milliers de membres du Groupe Wagner” et leurs commandants.

“Nous nous sommes battus honorablement. Vous avez fait beaucoup pour la Russie. Aujourd’hui, ce qui se passe au front [en Ukraine] est une honte à laquelle nous n’avons pas à participer. Maintenant, nous devons attendre le moment où nous pourrons faire pleinement nos preuves”, poursuit dans sa harangue le patron de Wagner, régulièrement interrompu par les applaudissements et les cris de guerre de ses troupes. Il leur dit aussi qu’en vertu des accords conclus avec le Kremlin sous l’égide du président biélorusse Alexandre Loukachenko mettant fin à leur rébellion du 24 juin ils devront rester “quelque temps” en terre biélorusse. Un temps qu’ils vont mettre à profit pour former les soldats biélorusses afin de faire d’eux “la deuxième armée du monde” mais aussi pour se perfectionner eux-mêmes avant de reprendre la route, “direction l’Afrique”.

“Mais peut-être retournerons-nous à la guerre en Ukraine, lorsque nous serons sûrs qu’on ne nous fera pas honte, ni à nous ni à notre expérience.”

Puis Evgueni Prigojine invite ses hommes à ne “jamais oublier” comment ils ont été reçus par les Biélorusses : “non seulement comme des héros, mais aussi comme des frères”. Il faut leur rendre la pareille, conclut-il en conjurant ses troupes d’être corrects “avec les filles du coin”, provoquant l’hilarité générale.

“Welcome to hell !”

Ensuite, Evgueni Prigojine passe la parole à un homme qui apparaît probablement pour la première fois dans l’espace public, souligne le journal russe en exil Meduza. Une véritable légende dans le monde des mercenaires, à savoir le commandant Dmitri Outkine, dit “Wagner”. C’est lui, comme le précise Prigojine, qui a “donné son nom au groupe”. Survolté, ce dernier remercie longuement ses “gars” : “Grâce à vous le nom de Wagner est désormais connu dans le monde entier”, dit-il avant de promettre que les déboires récents de Wagner ne sont “pas la fin mais juste le début” d’une nouvelle histoire glorieuse. “Welcome to hell !” conclut-il en (en anglais), sous les hourras des mercenaires.

C’est la première fois aussi, écrit le service en russe de Radio Free Europe/Radio Liberty que l’on voit s’exprimer Prigojine depuis la fin de sa rébellion. Comme le souligne la radio, l’avion personnel du patron de Wagner a fait plusieurs allers-retours entre Minsk, Moscou et Saint-Pétersbourg depuis le 24 juin, sans que l’on sache si Prigojine était à bord. Selon des sources biélorusses, quelque 2 500 combattants de Wagner – que l’on présente comme les plus “irréductibles” – ont trouvé refuge dans le pays d’Alexandre Loukachenko, notamment dans la région d’Osipovitchi, où des camps composés de tentes et de bungalows ont été dressés à la hâte. Le président biélorusse a affirmé à plusieurs reprises que leur expérience serait “très précieuse” à son armée, sans donner plus de détails sur leur nombre, leur localisation et leur véritable mission.