Maksym Butkevytch, ZMina
Toute l’équipe du centre de défense des droits humains ZMINA attendait cette conversation après avoir reçu la bonne nouvelle de la libération du militant des droits de l'homme, cofondateur de l'organisation, journaliste et prisonnier de guerre Maksym Butkevych. Cette libération a eu lieu le 18 octobre de cette année, lors du 58e échange de prisonniers de guerre. Le militant des droits de l'homme a passé plus de deux ans en détention.
ZMINA a rencontré Maksym dans une gare, lors d’une étape entre deux lieux de son parcours réhabilitation, pour évoquer sa participation à la guerre sur le terrain, ses plus de deux ans de captivité, le sens qu’il a pu y trouver, mais aussi le déroulement de la réhabilitation des militaires après leur retour de captivité et les difficultés du retour à la vie civile.
Maksym, cela fait plus de 20 ans que tu t'occupes de défense des droits et au début de l'invasion à grande échelle, tu as décidé de rejoindre les forces armées ukrainiennes. Qu'est ce qui a guidé ton choix de changer d'activité pour aller à l'armée ?
C'est une question très importante. Je viens de découvrir que beaucoup de choses ont été dites et écrites sur moi dans les médias pendant mon absence. Et certains de ces textes disaient que j'étais pacifiste. Mais je ne suis pas pacifiste. En revanche, je ne suis en effet pas un partisan de la violence en tant que méthode, et l’engagement militaire, d'une manière ou d'une autre, implique de tuer des gens. C'est pour moi un problème et un dilemme moral et éthique.
La situation dans laquelle nous nous sommes trouvés le 24 février 2022 nous a placés devant un choix : soit laisser notre liberté être détruite, soit nous battre. Sinon, nous aurions été contraints de renoncer à notre activité, contraints d'obéir, de simplement manger, boire, dormir, avoir peur et faire ce qu'on nous disait. Telle aurait été notre perspective. Nous avons donc dû résister pour sauver notre liberté. Pour moi, c'est quelque chose d'essentiellement humain. C'est vraiment ce qui fait qu'une personne est humaine : la liberté, la conscience de sa liberté et le sens que cette liberté apporte.
J'ai parfaitement compris que si les Russes l'emportaient, il n'y aurait plus de protection des droits de l'homme sur ce territoire. Ce serait impossible. Nous nous sommes battus pendant très longtemps pour les droits que nous avons aujourd'hui. Nous avons réussi certaines choses, nous avons échoué dans d'autres, mais s'ils occupaient ces territoires, tout serait détruit. En fin de compte, si je raisonne égoïstement, il s’agit de nombreuses années de ma vie, en fait, la principale chose que j'ai faites ces dernières années, toutes les réalisations, toutes les réussites, auraient été détruites.
Comment t'es-tu retrouvé à l'armée en particulier dans le bataillon spécial numéro 210 Berlingo ?
J’avais effectué la préparation militaire à l'université alors de mes études et j'étais officier. Dans l'armée on appelle ce genre de personne des « veston » c'est-à-dire des gens qui ont un grade d'officier mais qui n'ont aucune expérience de l’armée et encore moins des opérations de combat.
Je me suis présenté au bureau d'enregistrement et d'enrôlement militaire dans la soirée du 24 février pour trouver une unité de défense territoriale et la rejoindre. Ils m'ont demandé mon grade militaire, et j'ai dit que j'avais le grade de lieutenant du fait de la préparation militaire universitaire mais que je ne me souvenais plus de rien. Mais j'étais prêt à prendre une pelle et à creuser ce qu'il fallait.
A cette époque, les combats commençaient près de Kiev et les Russes étaient déjà visibles à la périphérie. J'avais préparé un sac à dos à l'avance, acheté quelques affaires et une Bible de voyage et j'étais prêt à m’engager. D'ailleurs, pendant mon séjour dans la colonie, ma foi a été l'un des piliers qui m'a permis de tenir le coup. Je n'en parlais pas auparavant, c'était avant tout une affaire intime. Je n'accepte pas que l'on impose quoi que ce soit, y compris dans le domaine religieux. En même temps, il ne faut pas confondre imposer et prêcher. Beaucoup de gens, y compris mes ami.e.s, ne connaissaient pas mes convictions religieuses. Aujourd'hui, j'y pense plus souvent, car quelque chose a changé - en moi et dans le monde.
« Nous ne nous attendions pas à être fait prisonnier nous nous pensions à être des « 200 » (tués) ou des « 300 » (blessés) [nom de code donné dans l’armée soviétique aux soldats morts ou blessés à rapatrier NdT] ».
Tu as le sentiment que des forces supérieures ont aidé à dépassez l'épisode de ta captivité ou bien s’agissait-il de ta force intérieure.
Oui, j'ai ce sentiment. Mais à mon sens la foi et les forces intérieures sont liées. J'ai le sentiment qu'il y a un sens, indissociable du sens de la vie. Pour le dire autrement c'est le sentiment que les choses ne sont pas « juste comme ça ».
Lors de l'un des interrogatoires on a essayé de prendre les mots de passe de mon compte facebook et de ma boîte mail. À ce moment-là je ne savais pas encore que mon compte Facebook avait heureusement été désactivé par des amis mais de toute façon j'avais une double authentification… Je leur ai dit que de toute façon ils ne pourraient pas rentrer sur mon compte puisque ils avaient eux-mêmes perdu mon téléphone. J'ai ajouté que le mot de passe avait probablement été changé et que si je leur donnais maintenant un vieux mot de passe ils allaient dire que je les trompais. Ils ont demandé qui les avaient changé et j’ai répondu : « des amis à qui j'ai laissé mes mots de passe ».
En effet, je les avais laissés au cas où je finirai « 200 » pour que ces amis aillent sur ma page et l’annoncent et qu'il puisse entrer sur mon compte mail et écrivent une réponse automatique du genre « malheureusement la personne ne peut lire votre message car elle est morte ». C'est toujours triste lorsque l'on commente les postes d'une personne qui a disparu... L'enquêteur m'a regardé avec des yeux ronds et m’a demandé si j'avais vraiment pensé à l'avance que je pouvais devenir un « 200 ». Je lui ai répondu que c'était la guerre, que nous étions partis la faire et qu’il y avait en effet des situations où je pouvais devenir un « 200 » et que donc bien sûr j'y avais pensé comme toute personne qui se retrouve sur la ligne de front.
Vous avez donc admis la possibilité de mourir à la guerre ?
Je pense que tous ceux qui vont en première ligne réfléchissent intérieurement - consciemment ou inconsciemment - à ce qui se passera quand je serai « 300 » ou « 200 ». Cependant, je n'ai vu pratiquement personne réfléchir à ce qui se passerait s'il était capturé. Nous n'étions pas préparés à cela. Par conséquent, lorsque nous avons été capturés, nous avons été surpris.
Nous nous créons nous-mêmes en faisant différents choix dans la vie. Les choix que nous faisons maintenant déterminent qui nous serons plus tard. Plus tard, à de nombreuses reprises en prison, à la fois dans le centre de détention provisoire et ensuite dans la colonie pénitentiaire, les gars et moi avons discuté de ce qui s'était passé et de la raison pour laquelle cela s'était passé. J’avais 20 hommes. Sous mes ordres, j'étais commandant de peloton dans le 210e bataillon spécial « Berlingo » des forces terrestres de l’armée ukrainienne. Mais en captivité, mes codétenus me disaient régulièrement : nous ne savons pas quel genre de commandant tu étais - je ne le sais pas moi-même, pour être honnête, seuls mes hommes pourraient me le dire - mais vous auriez mieux fait de travailler dans le domaine des médias, ou aider les gens, puisque c'est en effet des choses que je sais faire, et cela aurait été plus utile pour nous tous que mon séjour au dans le centre de détention provisoire (SIZO) de Luhansk. De fait, tout est plus utile que d’être enfermé dans le SIZO de Luhansk.
Mais je dois dire que je ne considère pas ce temps comme perdu. Parfois, les gars étaient tellement déprimés qu'ils pensaient que leur temps de captivité avait été perdu, tout simplement rayé de leur vie. Mais je n'ai pas eu ce sentiment. Et lorsque j'ai examiné ce que j'avais fait de mal depuis le début de l'invasion, les mauvais choix que j'avais faits, je suis arrivé à la conclusion qu'il n'y avait pas de mauvais choix. Il y a des choses que je regrette dans ma vie, mais pas dans cette chaîne d'actions. J'ai fait tout ce qu'il fallait.
Comment as-tu pris conscience que le temps passé en captivité n'avait pas été perdu ?
C'est bien sur une période de pertes. C'est une période de manque, de privation de quelque chose de très humain et de très personnel. Le plus grand danger de la captivité est de perdre une partie de soi-
même. En ce qui me concerne, j'ai essayé de comprendre ce que je pouvais apprendre de cette expérience, ce qui pourrait m'aider plus tard, si quelque chose pouvait m'aider à mieux aider les autres.
En captivité, j'ai appris à mieux connaître les gens, le monde et, bien sûr, les violations des droits de l'homme. En somme je peux dire que j’ai fait deux ans et demi de recherche de terrain. Je ne m'étais jamais spécialisée dans le système pénitentiaire et les violations des droits de l'homme qui y sont commises, mais en captivité, j'ai appris à le connaître très bien et à comprendre les choses fondamentales de manière plus approfondie et plus large.
J'ai également eu l'occasion d'organiser mes pensées et mes croyances, de comprendre comment elles sont liées entre elles, dans quelle mesure mes positions sont fondées, mon attitude à l'égard de certaines choses, si j'ai suffisamment de raisons de penser ce que je pense et de dire ce que je dis. Et surtout, quelles devraient être les priorités dans mes activités, dans ma vie.
« En captivité, je pensais constamment à ce à quoi je n'avais pas le temps de penser dans la vie civile »
En tant que défenseur des droits de l'homme, tu as été façonné par des valeurs fondamentales liées aux droits humains. Ont-elles changé d'une manière ou d'une autre en prison ?
Je pense que mes valeurs n'ont fait que se renforcer. Dans notre vie quotidienne, nous sommes constamment immergés dans un flux d'événements, d'informations, d'activités, et parfois nous n'avons tout simplement pas le temps d'examiner certaines choses d'un point de vue différent - plus large ou plus élevé.
En captivité, j'ai très vite, littéralement dès les premiers jours, pensé que j'avais maintenant une chance de le faire. J'ai essayé de faire intérieurement des choses que je n'avais pas eu le temps de faire pendant des années. En captivité, je pensais constamment à ceux à qui je n'avais pas eu le temps de penser correctement dans la vie civile. Et ce n'est pas tout. J'ai aussi prié. D'ailleurs, c'était probablement la seule chose que je pouvais faire pour de nombreuses personnes formidables.
Après un an et demi de captivité, lorsque j'ai eu la possibilité de lire, j'ai commencé à lire beaucoup de livres, comme je le faisais auparavant. En plus des livres en russe et en ukrainien, j'ai mis la main sur quelques livres en anglais que quelqu'un d'autre possédait, et grâce à eux et à la compilation de textes dans ma tête, j'ai essayé de conserver la langue autant que possible. Tous les livres que je lisais étaient notés dans mon carnet.
Qu'avez-vous lu exactement ? Quels sont les livres dont vous vous souvenez le plus ?
Dans la colonie pénitentiaire, il y avait une bibliothèque, et on pouvait y trouver les choses les plus inattendues. J'ai été enchanté par le livre « Theoretical and Applied Linguistics » du professeur Zvegintsev, publié en 1968, que j’ai lu une fois et demi. J'ai découvert de nombreux livres différents - sur la zoopsychologie, la philosophie, la théologie et la fiction. Par exemple, j'ai lu Tchekhov, que je n'avais pas eu le temps de lire depuis longtemps. J'ai relu beaucoup de choses que j'avais lues auparavant, mais je les ai lues d'une nouvelle manière. On pouvait également trouver dans cette bibliothèque des livres en ukrainien, qu'il s'agisse d'œuvres ukrainiennes ou de traductions de grands auteurs étrangers, jusqu'à ce qu'ils soient finalement retirés au printemps et au début de l'été de cette année.
De retour au centre de détention provisoire, le premier livre qui mérite ce nom est le Nouveau Testament et les Psaumes, qui, par une étrange coïncidence, sont arrivés dans notre cellule et que j'ai dû lire 15
fois. D'ailleurs, nous lisions parfois à haute voix, car tous les membres de la cellule ne savaient pas lire. Un camarade, prisonnier de guerre, était blessé et avait presque perdu la vue, et un autre prisonnier ne pouvait pas le faire à cause de son âge. En général, pendant ma détention, j'ai lu plus des dizaines de livres, 50, je crois, au moins. Dans la colonie, lorsque je travaillais, le moment privilégié pour moi était 40 minutes avant le couvre-feu. Je m'allongeais sur mon « palmier » - un lit situé au deuxième niveau des couchettes - et je lisais pendant les 40 minutes précédant l'extinction des feux.
Nous pratiquions également l'anglais au SIZO et dans la colonie. Je l'ai enseigné pour la première fois de ma vie. L'un de mes « élèves » faisait d'assez bons progrès. Il a insisté pour que je brevette cette méthodologie, car nous apprenions la langue sans texte, sans stylo, sans papier, en mémorisant les mots selon un certain système et en utilisant les outils à notre disposition.
Par exemple, nous avions un filtre de cigarette, une allumette brûlée, un morceau de paquet de cigarettes, et c'est ainsi que j'expliquais la structure d'une phrase - où se trouve le verbe auxiliaire, etc. Nous avons appris l'anglais à travers les paroles de chansons. J'ai soudain découvert que je me souvenais de paroles tout à fait inattendues, bien que très peu nombreuses. Il s'est avéré que les paroles d'une célèbre chanson anglaise dont je me souvenais étaient parfaites pour apprendre le présent continu.
Revenons à votre engagement dans l’armée. Quelle est la tâche ou la bataille dont vous vous souvenez le plus ?
Il y a eu deux étapes dans mon engagement : la première fois c'est vers Irpin-Vorzel, dans la région de Zhytomyr, près de l'autoroute de Zhytomyr, et la seconde dans l'est de l'Ukraine. Mon unité était chargée de renforcer la Garde nationale dans une certaine zone de la région de Kiev. Nous nous sommes rendus au poste de contrôle avec nos véhicules et avons constaté qu'il ne s'agissait pas d'un poste de contrôle, mais de la ligne de front : les Russes se tenaient à quelques centaines de mètres. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés en première ligne dans la région de Kiev.
Au bout de la rue où nous étions stationnés il y avait une pharmacie, une agence postale et et plusieurs maisons détruites par les tirs des chars russes. Il y avait le corps d'un civil qui avait fui les bombardements
et n'avait pas réussi à s'en sortir ; sa jambe tenait debout toute seule. Quelques minutes après notre arrivée, avant même que nous ayons eu le temps de prendre nos lance-grenades, un véhicule blindé de transport de troupes a déboulé à grande vitesse du côté russe et, se plaçant devant nous, a commencé à nous tirer dessus avec une mitrailleuse de gros calibre, à travers la rue. Je me souviens très bien de cet épisode, le premier contact direct. Je me souviens également de notre entrée à Mykhailivka Rubezhivka lors de la libération de ces villages. Les habitants nous ont accueillis les larmes aux yeux, nous ont apporté des fleurs, des boîtes de jus de tomate - tout ce qu'ils avaient après un mois d'occupation. Bref, c'était absolument incroyable. On sentait que les gens nous attendaient.
La deuxième expérience est liée à un voyage dans l'Est. Nous avons reçu l'ordre de nous déplacer pour renforcer nos unités qui tenaient la défense dans le Donbass. C'était une expérience complètement différente, car nous étions dans la steppe, où certaines de nos armes étaient tout simplement inefficaces. Par exemple, ce qui constituait notre avantage dans les combats urbains a été complètement réduit à néant là-bas. Nous avons rempli la fonction de troupes terrestres conventionnelles, accomplissant les tâches qui nous étaient assignées.
D’abord, nous avons perdu le contact radio, puis au matin nous avons compris que nous étions pratiquement encerclés
Peux-tu nous dire quand et dans quelles circonstances tu as été capturé ?
Nous avions reçu l'ordre de nous rendre dans le village de Myrna Dolyna, dans la région de Louhansk. Près du village, il y a des forêts et un terrain assez difficile, c'est-à-dire pas de la steppe, mais des ravins. À notre arrivée dans la soirée, nous avons immédiatement essuyé des tirs de mortier nourris. Le feu a duré toute la nuit.
Le matin, le village était complètement différent de la veille au soir. Il n'en restait plus grand-chose. Lors d’une pause nous avons reçu l'ordre de nous déplacer et de prendre des postes d'observation, le long de la route qui allait de Lysychansk au nord à Zolote au sud. C'était une route stratégiquement importante pour nous. Notre tâche consistait à observer et, s'il y avait des forces ennemies, de les signaler. Cependant, nous ne devions pas engager le combat sans en avoir reçu l'ordre. Pendant que l'ordre nous était transmis, une autre attaque au mortier a commencé, et c'est ainsi accompagnés que nous nous sommes rendus à notre poste d'observation.
À un moment donné, nous avons eu des problèmes de communication. Les radios que nous avions n'étaient pas assez bonnes, il n'y en avait pas assez, et de toute évidence, le matériel électronique de l'ennemi fonctionnait. De plus, nous avons rapidement manqué d'eau sur le chemin du poste, c'était un mois de juin très chaud. En quelques heures, nous avons perdu toute communication. Même les talkies walkies qu'on nous avait donnés ne captaient personne. Au matin, nous avions remarqué qu'un grand nombre de personnes et de véhicules ennemis avaient pénétré dans le terrain voisin.
Alors que nous nous dirigions déjà vers Myrna Dolyna, il était clair que nous étions presque encerclés par l'ennemi. Tu vois c'est comme une sorte de bouteille dans laquelle on entre par le goulot, et il y avait déjà un territoire contrôlé par l'ennemi autour de cette bouteille. Nous comprenions que cela n'augurait rien de bon, mais nous avions des ordres et nous devions les exécuter. Plus tard, arrivés au poste, lorsque nous avons vu les marques sur les véhicules « O », nous avons compris qu'il s'agissait de l'ennemi. Mais à ce moment-là, nous ne pouvions plus exécuter l'ordre de rendre compte de la présence de forces ennemis, il n'y avait plus de communication, il n'y avait pas non plus d'ordre d'engager le combat et cela n'avait pas de sens, étant donné la différence de nombre nous et nos ennemis, et il était clair que nous devions nous retirer.
C'est alors que l'un des soldats de l'unité voisine a pris contact avec nous et nous a amenés au poste d'observation. Il nous a dit que toute la zone était encerclée, mais que l'anneau n'était pas encore fermé. Par conséquent, nous devions essayer de partir en utilisant ses points de repère. C'est ce que nous avons fait. Pour être honnête, nous avions le sentiment que quelque chose n'allait pas, mais nous n'avions pas le temps d'y réfléchir et nous n'avions pas d'autres options. Nous n'avions pratiquement pas dormi depuis plusieurs jours, nous étions sans eau depuis presque 24 heures, nous étions fatigués, et certain de mes hommes n’allaient pas bien. Alors ce soldat a tiré une fusée éclairante, ce qui était très étrange dans ces conditions de quasi-encerclement. Nous avons dû courir à travers le champ jusqu'à la ceinture forestière d'où provenait la fusée. Lorsque nous avons été à quelques dizaines de mètres, il nous a dit qu'il était désolé, mais qu'il était prisonnier depuis la nuit dernière, que nous étions maintenant dans le collimateur et que si nous ne déposions pas les armes, ils nous tueraient.
Qu’as-tu ressenti à ce moment-là ?
Il y avait un champ ouvert autour de nous. Il n'y avait aucune possibilité de se jeter à terre, de se cacher ou de s'enfuir. Nous n'accomplissions plus aucune mission de combat - nous ne couvrions plus personne, nous ne défendions plus rien. J'avais huit hommes et j'étais responsable d'eux. J'ai donc donné l'ordre de déposer les armes.
Le type qui nous a fait sortir était dans la même cellule que nous. Il a été contraint de le faire sous la pression physique et la violence. Mais surtout, il croyait qu'en nous forçant à nous rendre, il nous avait sauvé la vie - c'est ce que les Russes lui ont dit. C'était peut-être vrai, il m'est difficile d'en juger.
Comment les Russes t’ont-ils traité ?
Ils ont immédiatement pris nos documents, nos téléphones et certains objets de valeur. Par exemple, ils ont pris mes écouteurs sans fil, la montre l’un, un objet à un autre... L'un des soldats russes a demandé à qui appartenaient ces écouteurs. J'ai répondu que c'était les miens. Il m'a demandé si je les lui donnais.
C'est vrai que quand on est à genoux, qu'on a les mains attachées et qu'une mitrailleuse est pointée sur vous, on est prêt à donner n'importe quoi, en principe. Mais j'ai dit non. Il a été très surpris, même un peu
troublé. Je lui ai dit que c'était un cadeau d'un proche, et que « on ne redonne pas des cadeaux ». Il était d'accord, mais il ne comprenait pas ce qu'il devait faire.
Manifestement, ils essayaient d'éviter de comprendre qu'ils volaient des choses aux prisonniers. Je lui ai dit qu'il devrait probablement appeler cela un « trophée » ou quelque chose de plus beau que ce que c'était réellement. Plus tard, à un autre moment, un autre soldat a pris ce qui restait, par exemple une montre tactique chinoise neuve, bien que bon marché. Il n'a pas pris la peine de nommer quoi que ce soit, il a simplement tout pris. Un autre soldat qui avait encore son gilet pare-balles a été emmené, en lui demandant de ne pas en parler à ses commandants. Comme nous l'avons compris, ils en avaient de pires à l'époque. Ils nous ont également retiré nos chaussures de prix - nous avons passé les mois suivants en chaussettes.
Les Russes savaient-ils qui tu étais et ce que tu faisais dans la vie civile ? Tes activités dans le domaine des droits de l'homme et du journalisme ont-elles eu un impact sur ton séjour en captivité ?
Après quelques jours dans le centre de détention, j'ai commencé à faire l'objet d'une attention particulière. Mais ensuite, pendant le reste de la captivité, l'attitude était tout à fait normale. Sur le chemin du point de transfert, les Russes m'ont demandé lequel d'entre nous était un officier, et j'ai répondu. Ils voulaient faire une vidéo de moi en train de gronder le commandement. J'ai refusé de le faire. Je leur ai dit qu'ils pouvaient bien sûr me forcer à le faire, mais qu'il serait visible et clair que cela avait été fait sous la contrainte physique.
« Ils nous ont fait nous agenouiller, les mains attachées, et nous ont verbalement agressés et intimidés »
Où avez-vous été emmenés pour la première fois lorsque vous avez été capturés ?
À la fin de la journée, nous avons été emmenés dans un bâtiment délabré où nous avons passé la nuit sur le sol en béton. À un moment donné, un officier cagoulé est apparu, un officier supérieur, et tout le monde lui a obéi. Il nous a mis à genoux, les mains attachées, et nous a parlé, provoquant chez les gars des réactions émotionnelles fortes, nous agressant verbalement pour démontrer sa prétendue « supériorité ».
Il demandait par exemple qui avait des épouses à l'étranger, en Pologne, en Allemagne ou en Turquie. Il commençait ensuite à raconter aux gars ses fantasmes sexuels pathologiques sur ce que les hommes devaient leur faire là-bas, en ce moment même, avec des détails. Il leur dessinait des images de rapports sexuels collectifs, oraux et anaux forcés. Il était clair que cet homme avait des problèmes de pathologie sexuelle. Il nous a menacés de nous condamner à une peine de 10 à 15 ans et de nous envoyer dans une colonie pénitentiaire pour « plaisirs sexuels », et de nous faire arriver à Kiev sans nos dents de devant. En expliquant pourquoi nous n'aurions plus de dents de devant.
Ensuite, ils nous ont apporté des rations militaires et ne nous ont délié les mains que lorsque nous sommes allés un par un, sous la menace d'une arme, déféquer dans un tonneau en plastique transparent, coupé par le haut, qui se trouvait dans un coin.
Il faut dire que par la suite, nous avons été traités plus calmement, sans humiliation. Pour être honnête, j'ai essayé de ne pas trop insister. J'ai tout de suite choisi la ligne de conduite suivante : je n'ai rien à cacher, mais je ne dois pas non plus me faire passer pour quelqu'un d’autre. J'ai essayé de prendre sur moi les conversations risquées et provocatrices afin que les gars ne s'y laissent pas entraîner.
Est-ce que vous ou vos hommes avez subi des violences de la part de l'armée russe ?
Plus tard, lorsque de nouveaux soldats en uniforme sont arrivés, ils nous ont emmenés un par un dans des pièces voisines, nous ont posé des questions sur notre service et ont enregistré des vidéos de nous. C'était un peu comme un interrogatoire. Ainsi, lorsqu'un des soldats a été amené pour être interrogé, il a dit qu'il ne se souvenait pas des indicatifs de ses commandants. Il a donc été frappé à plusieurs reprises avec un crochet en bois. J'ai immédiatement dit aux gars que puisque nous n'avions pas d'informations confidentielles, nous devions tout dire pendant l'interrogatoire pour sauver notre peau.
Ils m'ont intimidé ensuite en me montrant une fosse dans l'arrière-cour, menaçant de m’y jeter et de me montrer ceux qui « ne comprenaient pas comment se comporter ».
Il y a eu un moment intéressant lorsqu'ils ont enregistré une vidéo avec moi. L'un d'eux a dit à l'autre : « Regarde, c'est vraiment un journaliste, parce qu'il a dit ce qu'il voulait, pas ce dont nous avions besoin ». Plus tard, l'officier cagoulé mentionné plus haut nous a lu des extraits du message de Poutine du 22 février 2022, je crois, où il parle de l'Ukraine, et ceux qui étaient pointés du doigt par l'officier devaient réciter ces extraits mot pour mot, et si quelqu'un faisait une erreur ou bégayait, j'étais battu avec un bâton. Parce que j'étais le seul officier, le commandant, et que je ce « connaisseur de l'histoire de Poutine » avait une dent contre moi. J'ai pensé qu'il valait mieux qu'ils me battent plutôt que mes hommes.
Ensuite, on nous a emmenés ailleurs et on nous a jetés sur un sol en béton. Là, ils nous ont enlevé les bandeaux des yeux, nous ont délié les mains et nous avons vu que nous étions dans une cellule. Ils ont ensuite apporté de vieux matelas déchirés et des serviettes. Certains d'entre eux portaient le cachet du SIZO de Luhansk. C'est ainsi que nous avons su où nous étions. Au total, j'ai passé un an et trois mois dans le centre de détention, jusqu'en septembre 2023.
Le 6 mars 2023, le tribunal d'occupation de la région de Louhansk vous a condamné à 13 ans de prison et vous a accusé de « traitement cruel de civils et d'utilisation de méthodes interdites dans un conflit armé ». Comment cet article a-t-il vu le jour ?
Dans le SIZO de Luhansk, nous avons été activement interrogés par diverses structures : des personnes en uniforme militaire et en civil. On nous posait des questions sur les mouvements de notre unité, sur l'endroit où nous nous trouvions et sur notre nombre. Le 16 juillet, j'ai été interrogé par deux personnes, l'une en civil et l'autre dans une sorte de camouflage non réglementaire. L'un des enquêteurs s'intéressait aux activités de la Fondation Soros en Ukraine et voulait que je donne une interview à un « média international réputé » non nommé pour en parler. Je lui ai dit que je ne voulais pas donner d'interview, mais que s'ils me forçaient à le faire, je pourrais lui dire ce que je savais : que la branche ukrainienne de la fondation soutenait des projets sur la décentralisation, le gouvernement local, l'aide juridique et les publications universitaires.
Il n'a pas beaucoup apprécié la conversation et c'est à ce moment-là que j'ai entendu pour la première fois : « Nous allons te mettre en prison ». Cette promesse s'est concrétisée un mois plus tard, le 13 août. J'ai été emmené pour un interrogatoire, où des personnes en uniforme, le visage couvert, m'ont assis de telle sorte que je ne pouvais voir que le sol, c'était inconfortable, ils m'ont déséquilibré de diverses manières, ils m'ont intimidé. Puis ils m'ont dit qu'il y avait trois options : la première était de signer tout ce qu'ils me donnaient sans le lire, ce serait un aveu de crime de guerre, je serais condamné et ensuite échangé ; la deuxième était de refuser de signer les documents, et je serais alors emmené pour une «enquête expérimentale» à savoir que je serai tué en ayant soi-disant essayer de m'échapper ; la troisième option était de rester en prison sans aucun échange pour on ne sait combien de temps, ou plutôt, aussi longtemps qu'ils le voulaient. Ainsi, si je ne coopérais pas et ne signais rien, je ne sortirais
pas indemne, ni physiquement ni psychologiquement. Ils m’ont dit qu'à 45 ans, on pouvait mettre fin à sa vie. Si j'acceptais, ils m'emmèneraient dans l'arrière-cour, me donneraient une cigarette, me laisseraient appeler chez moi, puis ils me tireraient dessus.
L'un des interrogateurs m'a demandé si je voulais vivre et j'ai répondu que oui, si Dieu me le permettait. Il s'est accroché à cette réponse et, lorsqu'il a appris que j'étais chrétien, il a dit : « Eh bien, nous ne sommes pas chrétiens : « Eh bien, nous ne sommes pas chrétiens, cela ne nous concerne pas. » Ils ont ensuite imprimé le rapport d'interrogatoire, en se trompant sur l’endroit où j'avais « commis le crime ». Plus tard, j'ai appris qu'il s'agissait du fait que j'avais prétendument tiré avec un lance-grenades sur un immeuble résidentiel où il y avait des gens, et que deux femmes avaient été blessées. De toute façon, selon eux, peu importe ce qui était écrit sur les papiers, ils pouvaient me condamner sans mon témoignage. Ils m'ont dit que si je signais rapidement les documents, ils seraient envoyés au procureur puis au tribunal, et que je pourrais rentrer chez moi en octobre - je serais échangé.
Plus tard, alors qu'ils finalisaient mon dossier, ils m'ont emmené à Sievierodonetsk, dans la maison sur laquelle j'aurais tiré. Ils m'ont demandé de lever la main, de montrer une fenêtre spécifique, m'ont pris en photo, m'ont dit de montrer la fosse et de me souvenir de l'adresse. Lorsque j'ai demandé de quoi il s'agissait, ils m'ont répondu que je le saurais plus tard. La seule chose sur laquelle j'ai insisté à ce moment-là, dans la mesure où il était possible d'insister dans cette situation, c'est que je ne témoignerais contre personne, mais seulement contre moi-même, et que l'affaire devait se dérouler en l'absence de cadavres.
« Il ne faisait aucun doute dans mon esprit que je ne purgerais pas la totalité de ma peine » Comment avez-vous réagi à la condamnation à 13 ans de prison ?
Je m'y attendais. Les gars de la cellule et moi-même réfléchissions à la durée de ma peine. Ils étaient plus optimistes. Je m'attendais à 12-15 ans, c'est donc ce qu'ils m'ont donné. Mais j'espérais qu'il y aurait bientôt un échange et que je serais échangé. Quoi qu'il en soit, je savais que je ne resterai pas en prison aussi longtemps. Je n'avais aucun doute sur le fait que je ne purgerai pas la totalité de la peine.
Au cours de l'une des actions dites d'enquête, un officier du comité d'enquête de la Fédération de Russie a déclaré que la partie ukrainienne emprisonnait les Russes pour de longues périodes sous l'accusation de « franchissement illégal de la frontière de l'État par un groupe organisé de personnes armées afin de prendre une partie du territoire en faveur d'un autre État ». En d'autres termes, de longues peines sont prononcées pour ces faits et pour les crimes de guerre, et par conséquent, pour que leurs militaires soient échangés, disent-ils, ils ont dû nous condamner à des peines tout aussi longues.
Sais-tu ce qu'il est advenu de tes compagnons d'armes avec lesquels tu as été capturé ?
Deux d'entre eux ont été échangés à la fin de l'année 2022, et l'un d'eux est malheureusement décédé plus tard, en défendant notre pays et notre liberté. Deux autres ont été échangés cette année. Les autres sont toujours en captivité. Aucun d'entre eux n'a été condamné. Ils ont le statut de prisonniers de guerre.
D'après ton expérience, qu'est-ce qui t’a aidé à survivre à la captivité et à rentrer ?
Je n'avais aucun doute sur le fait que l'on se souvenait de moi, que l'on essayait de tout faire pour me libérer, que l'on pensait à moi, que l'on priait pour moi. J'essayais constamment de m'occuper l'esprit. J'ai essayé de résumer mes expériences antérieures, d'établir des liens internes entre ce en quoi je crois, ce dont je suis convaincu et ce que je fais.
J'analysais ma vie, j'essayais de la comprendre. J'ai réfléchi à la manière de mieux faire les choses, j'ai travaillé sur mes erreurs, j'ai donné la priorité aux choses vraiment importantes dans ma vie, j'ai essayé de ne pas oublier l'anglais et l'ukrainien, j'ai écrit des chroniques ou des discours dans ma tête, je me les suis lus, j'ai formulé des pensées et je me suis souvenu des personnes que j'avais rencontrées dans ma vie.
Tu suis actuellement une rééducation après votre captivité. Comment se déroule-t-elle, en quoi consiste-t-elle et quelle est son efficacité ?
C'est un processus intéressant. Pour être honnête, je pensais qu'il serait plus rapide et plus formel. Le processus de réhabilitation peut être divisé en quatre types d'activités : la première est la réhabilitation médicale, l'examen, le diagnostic pour comprendre ce que la personne a rapporté avec elle de captivité en termes de pathologies éventuelles ; la deuxième est psychologique, des psychologues travaillent avec vous et tentent de vous ramener à la vie dans un contexte plus libre ; la troisième est administrative, elle est liée à la récupération de documents volés, à toutes sortes de choses administratives ; et la quatrième est, bien sûr, la collaboration avec les forces de l'ordre et l'établissement des circonstances de la captivité. Ils essaient de faire tenir ces quatre sujets dans un laps de temps assez court, de sorte que le calendrier est en fait assez serré.
J'essaie maintenant de déterminer où je peux être le plus utile.
Que comptes-tu faire après la réhabilitation ?
J'ai encore le temps d'y réfléchir. Après la captivité et la période de soins, une personne a droit à un congé de 30 jours pour se rétablir. Pendant cette période, je réfléchirai à ce que je veux accomplir à court terme, ou plutôt à la manière d'y parvenir mieux et plus efficacement. J'essaie de déterminer où je serai le plus utile et dans quel statut.
Je ne vais pas quitter la protection des droits de l'homme. Elle m'accompagnera longtemps, probablement jusqu'à la fin de ma vie. C'est vraiment une partie intégrante de ma vie, et c'est pourquoi je vais continuer à le faire. Bien sûr, je n'abandonnerai pas les sujets liés à la migration forcée, aux réfugiés, aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, à la discrimination, à la xénophobie et à la haine. Je me rends compte aujourd'hui qu'il faudrait accorder plus d'attention à l'analyse de la propagande et au travail sur l'information, à la pensée critique et à la perception de la réalité. Mais ma priorité dans un avenir proche sera la libération de nos militaires et de nos civils de la captivité.
Maksym Butkevych milite pour les droits humains depuis près de 20 ans. Il a été coordinateur du projet No Borders et cofondateur du centre des droits de l'homme ZMINA et deHromadske Radio. Depuis de nombreuses années, il est l'un des organisateurs et des hôtes des projections et des événements du festival international de films documentaires sur les droits de l'homme Docudays UA.
Ce militant des droits de l'homme a donné des conférences sur les droits de l'homme, les discours haineux et les réfugiés à des journalistes, des militants et des représentants du gouvernement en Ukraine et dans d'autres pays. Il a travaillé au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en Ukraine.
Après le déclenchement de la guerre à grande échelle en mars 2022, M. Butkevych a rejoint les forces armées ukrainiennes et a été fait prisonnier par la Russie en juin de la même année.
Une affaire criminelle a été montée de toutes pièces contre Maksym Butkevych. Le 6 mars 2023, un « tribunal » illégal de la partie temporairement occupée de la région de Luhansk a condamné le militant des droits de l'homme et officier militaire à 13 ans de prison pour avoir prétendument blessé deux femmes en tirant un lance-grenades dans l'entrée d'un immeuble résidentiel alors qu'il se trouvait à Sievierodonetsk.
La cour d'appel de Moscou a confirmé la peine, mais a décidé qu'une partie de la période de détention - à partir du 19 août 2022 - devait être prise en compte dans le calcul de la peine.
En mars 2024, la Cour suprême de la Fédération de Russie a confirmé la condamnation à 13 ans de prison d'un militant des droits de l'homme et soldat capturé. Lors de l'audience, il a déclaré qu'il avait été contraint de s'incriminer sous la menace de la torture. Les juges russes ont refusé d'inclure dans le dossier la preuve que Butkevich n'était pas du tout sur le lieu du crime présumé, ni à Sievierodonetsk, ni le jour indiqué dans le « dossier », ni aucun autre jour de la guerre. La déclaration des activistes des droits de l'homme selon laquelle il s'est incriminé lui-même en raison de promesses d'échange rapide et de menaces de torture n'a pas été prise en compte.
Le procès de Maksim Butkevich a été condamné par les organisations ukrainiennes de défense des droits de l'homme, Amnesty International, Human Rights Watch,Memorial, les membres de l'APCE et d'autres organisations.
L’association russe Mémorial a reconnu Maksym Butkevych comme prisonnier politique.
En novembre 2022, Maksym Butkevych reçoit le prix tchèque de l'histoire de l'injustice : son père, Alexander, reçoit le prix à Prague à la place de son fils. En 2023, Maksym Butkevych a reçu le prix Anne Frank pour la dignité humaine et la tolérance, décerné par l'ambassade des Pays-Bas aux États Unis, ainsi que le prix national des droits de l'homme, décerné par la plateforme ukrainienne Human Rights Agenda.