Une victoire sociale en Ukraine, l’écrasement des syndicats en Bélarus.

En Ukraine, le « projet de loi n° 5371 » déposé à la rada par les ultra-libéraux quand l’invasion russe s’est produite, qui visait à permettre la cessation des contrats de travail sans aucune limite par les patrons dans les entreprises de moins de 250 salariés, a été retiré de l’ordre-du-jour. Il s’agissait dans l’immédiat de « libérer » les patrons de toute obligation de garder les salariés, de les payer ou de garantir un minima de droits quand la guerre les forçaient à interrompre leur travail, et dans la durée de pérenniser la société de la précarité totale de l’emploi.

Le Sotsialnyi Rukh a fait campagne de manière centrale contre ce projet et s’est adressé publiquement tout de suite au président Zelensky à ce sujet, à propos de ce projet et à propos du projet n° 7251 qui va avec, et vise à faciliter aux patrons dans les entreprises de toute taille, d’évacuer leurs responsabilités envers les salariés mobilisés dans l’armée ou dans la Défense territoriale. A Krivjy Riv, dans les aciéries Arcelor Mital, ce projet aurait permis au patron de virer les ouvriers ayant quitté leur poste de travail pour former des groupes de défense protégeant l’outil de travail des troupes russes !

Les deux centrales syndicales (la FPU, issue des anciens syndicats officiels d’autrefois, et la KPFU, confédération indépendante avec laquelle les militants du Sotsialnyi Rukh travaillent notamment dans la région de de Krivyi Riv et Zaporijia, et le groupe Zakhi Pravyi, « Liberté du travail », animé par des militants de la LSI à propos de laquelle nous avons publié l’article d’Oleg Reznik), ont protesté et les structures syndicales internationales de la CSI on pris position, saisissant l’OIT. Deux arguments politiques ont été mis en avant : de telles dispositions sont néfastes à la défense du territoire qui est avant tout l’affaire des travailleurs, et elles seraient régressives envers le droit du travail en Europe.

Disons-le, c’est un peu une victoire du Sotsialnyi Rukh qui s’est produite là, qui montre que la guerre de libération et la lutte sociale vont l’une avec l’autre et sont un seul et même combat !

Le Sotsialnyi Rukh a lancé en Ukraine une pétition exigeant le renvoi de la responsable de la Commission de la Rada de politique sociale et droits des anciens combattants, Galina Tretyakova (ci-dessous dénoncée sur la photo), représentante des lobbies patronaux et oligarchique dans la majorité zelenkyste, qui était à l’origine de ce projet de loi, et qui, figurez-vous, a également proposé une loi n° 7351 qui permettrait aux supérieurs de tuer leurs subordonnés sur le front !

Très clairement, cette espèce de Margaret Thatcher profiteuse de guerre veut permettre aux patrons de licencier sans limite et veut aussi permettre aux officiers de tuer les soldats, elle veut des rapport patronaux à l’arrière et des rapports dignes de l’armée russe sur le front ! Elle ferait perdre la guerre contre Poutine et triompher le patrons !

Nos camarades l’accusent publiquement de « saper la capacité de défense » du pays, en voulant l’exploitation et la précarité du travail et en voulant restaurer dans l’armée des relations qui, justement, ne prévalent pas du tout en ces temps de levée en masse du peuple armé et non armé !

Au même moment, en Biélorussie, la Cour suprême réunie mardi 12 juillet a engagé le processus d’interdiction du Congrès des Syndicats Indépendants Bélarusses et de nombreuses structures locales, notamment les syndicats du complexe industriel de Belaruskali. Alexandre Iarashuk et un grand nombre de dirigeants syndicaux sont détenus arbitrairement. La suppression de la seule organisation sociale légale indépendante du pouvoir est un pas vers la dictature totale en Biélorussie. C’est la réaction contre les grèves de masse et le mouvement national de 2020, et contre la résistance sociale à la guerre de destruction de l’Ukraine, avec les courageux sabotages des voies ferrées.

Les camarades déclarent prendre les dispositions légales et affirment : « le mouvement ouvrier dans notre pays ne disparaitra pas ». Nous n’en doutons pas !

Ci-dessous : les délégués de la centrale indépendante russe, la KTR, protestant lors de la réunion de l’OIT de Genève contre la répression antisyndicale en Bélarus.

Une leçon politique est claire : en Bélarus, comme en Russie, les besoins des travailleurs vont à l’encontre de la guerre et la guerre est utilisé contre eux ; en Ukraine, autre État capitaliste bien entendu, les travailleurs font la guerre et peuvent s’appuyer sur les besoins de la guerre contre les patrons et contre le pouvoir. La perspective révolutionnaire de « transformation de la guerre impérialiste en guerre civile », comme disait Lénine, outre qu’elle doit saisir quelles sont les guerres de domination impérialiste contre des nations opprimées et distinguer ces situations des conflits inter-impérialistes, doit conduire à une stratégie révolutionnaire mondiale dans son contenu, nationale dans ses formes : ici défensiste et belliciste, là défaitiste et pacifiste, partout contre l’union sacrée avec le capital. Battre et chasser Poutine, c’est un axe stratégique anticapitaliste.